Peut-on se fier uniquement sur la formation continue dans le domaine de la réadaptation physique ?8/12/2017 Je me suis comme à l'habitude retrouver dans le milieu d'une discussion mouvementée avec des collègues de travail. Mon argument original était que tous les spécialistes de la réadaptation physique devrait d'une part développer un meilleur esprit critique et, d'autre part, apprendre à lire et comprendre la littérature scientifique. Je n'avais pourtant pas réalisé que plusieurs professionnels ne partagent pas ce point de vue et ne croit pas que ces habiletés soient essentielles à leur travail. Si j'essaie de reconstruire l'argument proposé le plus fidèlement possible, les points importants se résument à peu près ainsi :
Bien que je sois en désaccord avec la conclusion de cet argument, je le trouve particulièrement intéressant et il soulève des enjeux importants. Recherches vs réalité cliniqueIl y a plusieurs défis pour pouvoir bien utiliser la recherche en milieu clinique, mais ça ne veut pas dire qu'elle est inutile. D'abord, lorsqu'on s'initie à la littérature scientifique, on tente souvent de tirer des conclusions générales à partir de résultats spécifiques. Ça ne fonctionne malheureusement pas ainsi. Une bonne étude est habituellement très spécifique et tentera de répondre à une question précise. Avec le temps, lorsque plusieurs études ont obtenu des résultats similaires dans différents contextes, il devient possible de voir des généralités. Mais comme la recherche n'est pas aussi abondante qu'on voudrait bien le croire, nous devons apprendre à accepter l'incertitude. De plus, beaucoup trop de recherches tentent de répondre à des questions inutiles ou des questions ayant été posées régulièrement sans changer aucun paramètre. Parfois, les chercheurs ne sont pas des cliniciens et poser la bonne question peut être un défi d'envergure. Aussi, les mécènes subventionnant les recherches vont régulièrement choisir la direction générale du projet. Gardons en tête que ce domaine est aussi une grosse business ! Dans d'autres cas, les études sont conduites par des praticiens et semblent davantage vouloir valider une certaine approche que d'en apprendre plus sur cette dernière. Ce genre de raisonnement motivé est très fréquent et facilement remarquable dans tout ce qui est lié à la médecine alternative et à la thérapie manuelle, par exemple. Donc cette prémisse est selon moi tout à fait valide, car c'est extrêmement difficile de comprendre la valeur de la recherche scientifique et de l'utiliser en clinique avec des êtres humains. Développer son esprit critique et bien comprendre la littérature scientifique demande trop d'investissement.La partie sur l'esprit critique ne faisait pas partie de la discussion originale, car tout le monde croit avoir un bon esprit critique. Ce n'est généralement qu'en pratiquant les habiletés propre au développement de l'esprit critique qu'on réalise à quel point il est difficile d'être objectivement critique. Comme l'effet Dunning-Kruger est bien connu, je ne m'y attarderai pas. Cette 2e prémisse est aussi tout à fait valide. La quantité de temps qu'on doit investir simplement pour développer des habiletés minimales dans ces deux domaines est ridiculement élevée. Notre façon « naturelle » de réfléchir est tellement biaisée qu'on doit pratiquement tout réapprendre et se débarrasser des patrons cognitifs indésirables. La littérature scientifique représente quant à elle la matrice argumentative. Sans une connaissance du moins générale des paramètres importantes et des implications possibles, il devient impossible d'utiliser son esprit critique. Ce qui m'amène à la question suivante : pourquoi ces éléments n'étaient pas au centre de leur formation universitaire ? Les physiothérapeutes et les ergothérapeutes doivent au Québec compléter une maîtrise, et les chiropraticiens un doctorat de premier cycle, ce qui signifie dans tous les cas environ 5 ans d'études à l'université. Apprendre des méthodes d'évaluation, des tests spéciaux, des approches et des interventions thérapeutiques est tout à fait utile, particulièrement au moment de la formation. La science et les meilleures pratiques évoluent très rapidement et, sans l'habileté de se remettre constamment en question, comment savoir si notre connaissance est à jour ou désuète ? Peut-on se fier sur la formation continue pour garder notre pratique et nos connaissances à jour ?Si seulement nous pouvions simplement payer les services d'un professionnel pour faire ce travail à notre place, nous pourrions mettre tous nos énergies et nos efforts pour aider nos patients à mieux guérir. Mais comment savoir si l'information transmise par ce professionnel est exacte si nous n'avons pas développé notre esprit critique et si nous ne sommes pas familier avec la littérature scientifique ? Un tel système mène forcément au gourouisme et aux guerres de clochers. Toute l'industrie de la formation continue extorque de l'argent aux thérapeutes depuis plusieurs années en leur faisant miroiter l'illusion qu'elle possède un savoir qu'ils n'ont pas. Son succès est basé sur les modes et les tendances, plutôt que sur l'évolution du savoir. Bref, nous ne pouvons pas nous attendre d'une formation McKenzie ou SFMA de nous transmettre une information juste et impartiale, alors que leur modèle d'affaire repose un enseignement aux vertues extraordinaires dont les détails sont cachés derrière un paywall. ConclusionIl n'y a malheureusement aucune alternative pour le thérapeute souhaitant garder sa pratique pertinante : il doit développer son esprit critique et se familiariser avec la littérature scientifique. Bien qu'il soit extrêmement facile de rationaliser le tout et de penser que la formation continue peut suffir, on peut facilement constater la faiblesse de cet argument. En fait, j'irais jusqu'à dire que tout ce système de formation continue quasi forcée ne peut fonctionner correctement que si les thérapeutes ont développé ces habiletés générales. Ces derniers seraient ainsi capables de rapidement évaluer la qualité de l'information présentée et de confronter leur propre biais cognitifs face à une perspective différente de la leur. On peut imaginer que la qualité des formations serait assurément plus élevée, l'information plus à jour, et qu'il y aurait beaucoup moins de Charles Poliquin ou de Tom Myers qui abuseraient de la crédibilité des gens et de leur manque d'éducation. Il y a heureusement d'excellentes ressources, dont plusieurs gratuites, pour développer ces habiletés. En fait, l'information n'a jamais été aussi disponible qu'à l'heure actuelle pour celui ou celle qui désire apprendre. Je termine donc ce billet avec les ressources que je conseillerais à un ami thérapeute souhaitant améliorer sa pratique. N'hésitez surtout à me partager d'autres ressources semblables que vous avez trouvées utiles pour votre propre apprentissage.
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Combien de professionnels différents sont réellement nécessaires en réadaptation physique ?20/11/2017 Dans cette série de billets, j'ai tenté de mettre en lumière les différences entre la physiothérapie, la chiropratique, l'ostéopathie et la massothérapie. Bien que ce soit encore un des articles les plus populaire sur ce blogue, les gens terminent leur lecture avec souvent plus de questions qu'ils en avaient au départ et ne savent toujours pas qui consulter pour leurs douleurs musulo-squelettiques. On arrive principalement à deux conclusions. D'une part, il y a beaucoup de chassé-croisés et il n'y a que très peu d'actes réservés. Tous les thérapeutes, par exemple, vont utiliser le massage et différentes thérapies manuelles, telles que le relâchement myofascial, des mobilisations, des pompages, etc. Les chiropraticiens utilisent traditionnellement davantage les manipulations vertébrales (ajustements chiropratiques), mais les physiothérapeutes peuvent aussi poser cet acte s'ils ont reçu la formation appropriée. Certains ostéopathes vont également utiliser ces manipulations, bien que ça soit illégal pour le moment. D'autre part, aucune de ces professions ne brille particulièrement et la physiothérapie est généralement votre option la plus sensée pour vos douleurs musculo-squelettiques, malgré les approches et le discours souvent désuets et alarmistes. Ce qui m'amène à la question très délicate : combien de professionnels différents sont réellement nécessaires en réadaptation physique ? À cette courte liste de quatre professions, nous pouvons ajouter l'ergothérapie, l'acupuncture et tous les titres dérivés de la massothérapie, tels que l'orthothérapie ou la masso-kinésithérapie. Je vais volontairement ignorer la psychologie et la nutrition, mais je crois fortement que ces professions sont sous-utilisées dans les programmes de réadaptation. Le spécialiste de la réadaptation : physiothérapie et chiropratiqueJe peux vous donner mon opinion d'emblée, je ne vois aucune bonne raison justifiant l’existence de ces deux professions. En fait, lorsqu'on compare les meilleurs physiothérapeutes et chiropraticiens, leurs approches sont souvent similaires et ils suggèrent habituellement une réadaptation active. Autrefois, lorsqu'on croyait toujours que les manipulations vertébrales (ajustements chiropratiques) demandaient d'importantes habiletés techniques et un haut niveau de précision, consulter un expert était important. Maintenant que nous savons que ces manipulations sont non-spécifiques, c'est-à-dire qu'on manipule souvent un large segment et non une articulation spécifique, la donne a changé. De plus, on ne reconnait l'efficacité de ces techniques principalement que pour les maux de dos. Puisque aucune intervention n'est particulièrement efficace, ces manipulations peuvent être un bon choix d'intervention pour certaines personnes. Tel que mentionné précédemment, la physiothérapie semble montrer plus de volonté à adapter sa pratique à mesure que le savoir évolue et c'est pourquoi mon cœur penche davantage pour cette profession. De plus, les physiothérapeutes ont présentement une pratique très large et jouent un rôle important dans les hôpitaux auprès de patients ayant vécu des traumatismes de toutes sortes (événement cardio-vasculaire, accident, opération, etc.). Honnêtement, nous pourrions joindre ces deux professions, garder un nom ou l'autre, et établir un meilleur système pour policer cette pratique en s'assurant qu'elle reste à jour. La thérapie manuelle avec ou sans instrumentToutes ces professions utilisent une forme ou une autre de thérapie manuelle, avec ou sans instrument. Certains vont masser, mobiliser ou manipuler avec leur mains. D'autres vont utiliser des outils sur la peau ou en dessous du derme, comme un morceau de métal, des cups, ou des aiguilles. Dans tous les cas, les effets sont non-spécifiques et demandent peu d'habiletés par rapport à ce qu'on croyait autrefois. Les acupuncteurs vont étudier 3 ans et apprendre un système pré-scientifique très complexe, justifiant le protocole choisi, alors que ni l'emplacement des aiguilles, ni le fait d’insérer ou non les aiguilles, ne changent quoique ce soit dans les résultats obtenus. Les ostéopathes vont étudier habituellement entre 3 et 5 ans et apprendront aussi des techniques élaborées, comme la thérapie crânienne et la thérapie viscérale, alors que les effets sont similaires à un simple massage de la tête ou du ventre. Les physiothérapeutes apprennent toujours en détails plusieurs protocoles précis pour utiliser des ultrasons, par exemple, alors que nous savons depuis longtemps que cette intervention n'est pas efficace pour à peu près aucune condition musculo-squelettique. Je traiterai du volet éthique de proposer un traitement dont les effets sont non-spécifiques (placebo) dans un prochain billet. Étant donné la relative simplicité de la plupart de ces interventions et de ces techniques, le temps alloué à leur apprentissage pourrait être réduit considérablement. Bref, on pourrait justifier la présence d'un technicien spécialisé dans ce genre de techniques afin d'assister le praticien principal. Présentement, il y a tellement d'approches et de titres professionnels, de nouveaux naissant régulièrement, que la confusion ne cesse de croître. Paul Ingraham résume la situation dans cet article classique. La thérapie par exercices : physiothérapie, ergothérapie, chiropratique et kinésiologie.Certaines professions comme les ergothérapeutes et les kinésiologues n'ont techniquement pas le droit de poser les mains sur leur client/patient à des fins thérapeutiques, ce qui est ironique étant donné le manque de spécificité et les faibles risques associés à la thérapie manuelle. Ceci étant dit, ces professions prescriront habituellement des exercices comme intervention. Les physiothérapeutes, ainsi que certains chiropraticiens, adaptent progressivement leur pratique et tentent d'être reconnus comme des spécialistes du mouvement et de l'exercice. Les ergothérapeutes tentent de se distinguer en affirmant que leurs programmes d'exercices préparent spécifiquement leurs patients à retourner à leurs activités de tous les jours. Même si les kinésiologues ne font toujours pas partis d'un ordre professionnel, ils tentent de s'imposer comme les spécialistes de l'exercice et de l'entraînement physique, autant dans un gym que dans un hôpital ou dans un foyer pour personnes âgées. Leur intégration au sein des programmes de réadaptation physique a d'ailleurs beaucoup progressé dans les dernières années. Éliminer la confusion est une prioritéCe système et tous ces chassé-croisés entre les différentes professions nous coûtent, en tant que société, très cher. Nous pouvons d'abord mentionner que la formation pour plusieurs de ces professions, physiothérapie, ergothérapie, chiropratique et acupuncture, est payée par le système public d'éducation. En décuplant ces professions semblables et en allongeant inutilement les formations pour leur donner plus de crédibilité, nous pouvons facilement concevoir que le coût collectif est beaucoup plus important qu'il ne devrait l'être. Les gens souffrant de douleurs musculo-squelettiques sont malheureusement très confus et on ne peut pas s'attendre qu'ils s'éduquent eux-même. Certaines personnes vont ainsi souffrir pendant plusieurs années, simplement parce qu'ils ont été privé des soins appropriés pour leur condition. Y-a-t'il une solution ?Hypothétiquement, oui, mais réalistement, probablement pas ! Les ostéopathes et les kinésiologues, par exemple, tentent présentement de créer leur propre ordre professionnel. Je serais extrêmement surpris qu'un quelconque projet de réforme voit le jour. Puisque les médecins ont tendance à se policer davantage que les autres professions et que la prescription médicale a beaucoup de pouvoir, les changements passeront probablement par eux. Je crois que nous avons essentiellement besoin d'un seul professionnel de la réadaptation et qu'il pourrait simplement y avoir différentes spécialités, comme c'est déjà le cas en physiothérapie d'ailleurs. Il devrait y avoir un meilleur système pour s'assurer que la connaissance des praticiens est à jour, car les ordres professionnels, dans leur structure actuelle, ne remplissent malheureusement pas ce mandat. Les ergothérapeutes ont remplacé, plus facilement que les autres professions, le modèle biomédical par le modèle bio-psychosocial et, par conséquent, leur pratique est généralement davantage au goût du jour. Ce professionnel hypothétique, pourrait soit tout faire lui-même ou s'entourer de différents techniciens dont les tâches pourrait être de masser, de piquer, de taper, de craquer, d'enseigner les exercices, etc. Le discours général serait plus uniforme et l'on réduirait ainsi la confusion de la population par rapport à la réadaptation physique. Puisque ce professionnel devrait déjà aider ses patients à retourner à leurs activités nomales, que ce soit en lien avec leur travail, les activités de la vie quotidienne (se faire à manger, emprunter les escaliers, prendre un bain, etc.) ou leurs activités sportives, nous n'avons pas besoin d'une 2e profession pour remplir ce mandat. De ce que j'ai pu observer, il resterait toujours plusieurs tâches, n'étant pas aussi spécifiquement liée à la réadaptation physique, que les ergothérapeutes accomplissent présentement. Par exemple, plusieurs d'entre-eux adaptent le logis de personnes âgées pour leur permettre d'habiter chez eux le plus longtemps possible. Certains ergothérapeutes vont également modifier certaines tâches en milieu de travail, afin de diminuer les irritants et possiblement prévenir les blessures. Aussi, depuis quelques années, les ergothérapeutes aident les gens souffrant de maladies mentales, afin de développer de meilleures stratégies pour fonctionner dans la vie de tous les jours. En fait, leurs tâches sont tellement variées en ce moment qu'ils gagneraient probablement à préciser leur pratique, afin que le public comprenne mieux leur mandat. Y-a-t'il quelque chose qui m'échappe ?Je pouvais sentir la tension et l'inconfort chez les professionnels avec qui j'ai eu cette discussion, car j'attaquais en quelque sorte leur identité et potentiellement leur revenu. Selon mon expérience, ces derniers semblent davantage remarquer les différences plutôt que les similitudes entre les professions, et considèrent même cette situation avantageuse, mettant l'accent sur une stratégie multi-disciplinaire. Bien qu'impliquer plusieurs professionnels peut-être une bonne stratégie, je ne crois pas que ça justifie toute cette confusion. Nous aurions probablement avantage à impliquer davantage les psychologues et les nutritionnistes en réadaptation physique, étant donné la nature multi-factorielle de la douleur musculo-squelettique. Je sais que ce n'est pas un sujet facile, mais je crois que c'est une discussion importante, et ce, même si elle est très inconfortable. Ai-je oublié quelque chose d'important dans mon analyse ? Est-ce que vous êtes d'accord avec ma perspective ou est-ce que j'aborde le problème de la mauvaise façon ? N'hésitez-pas à me partager votre opinion ci-dessous !
D'abord, je vous conseille de jeter un œil à mon récent guide sur la sciatalgie, publié sur la page de CBI Excellence physio et réadaptation - Rosemont, car il s'agit humblement de la source d'information la plus actuelle par rapport à ce que nous savons réellement de cette condition et ce qui fonctionne pour la traiter. Puisque environ 75% des gens souffrant de sciatalgie iront mieux à l'intérieur de 2 à 3 mois, peu importe s'ils ont reçu un traitement ou non, plusieurs thérapeutes vont commettre un sophisme ad hoc et croient injustement que leur intervention est la cause de l'amélioration de la condition. Et comme aucune intervention ne fonctionne vraiment, ça laisse malheureusement place à du charlatanisme de toute sorte. Vous avez donc autant de chance d'éliminer complètement les symptômes en ayant des traitements d'acupuncture, de massothérapie, de reiki ou en ne faisant rien du tout. En fait, être actif ou alité ne semble rien changer ! Deux interventions, sans briller par leur succès, se démarquent plus que les autres. Il y a d'abord les manipulations vertébrales (ajustements chiropratiques) qui fonctionnent en phase aiguë seulement. Ensuite, on remarque qu'un sous-groupe de gens semblent bien répondre aux exercices, mais nous n'avons encore aucune façon de le définir. Finalement, même si je l'ai clarifié à maintes reprises par le passé, je ne partage pas ces conversations pour rire des gens, au contraire ! Il s'agit d'un service pour le public, afin d'accroître notre vigilance face aux affirmations douteuses dans le domaine de la santé. Qu'il s'agisse d'un médecin, d'un physio, d'un chiro ou de n'importe quel autre spécialiste de la réadaptation, vous devez constamment être aux aguets. ![]() J'ai surpris une conversation entre des collègues aujourd'hui et l'une d'entre elles disait devoir bientôt se faire prescrire des bas de contention pour prévenir l'apparition de varices. Le sujet a évidemment piqué ma curiosité, puisque je n'en avais jamais entendu parlé et, comme vous pouvez l'imaginer, je suis généralement sceptique avec ce genre d'affirmations. D'après Passeport Santé, ces bas pourraient bel et bien prévenir l'apparition de varices, mais j'ai quand même décidé de faire une recherche sur le moteur de recherche PubMed afin d'accéder aux dernières études sur le sujet. J'ai aussi été étonné d'apprendre que plusieurs personnes, particulièrement des femmes, vont consulter leur médecin pour traiter des varices asymptomatiques. J'ai survolé quelques études (A, B, C, D, E et revue Cochrane) rapidement pour réaliser que ce traitement, comme beaucoup, repose sur un modèle théorique qui n'a pas été démontré par des essaies randomisés contrôlés. Certaines interventions proposent même une augmentation graduelle de la contention, mais nous ignorons toujours si ça change quelque chose ou non. Bref, si les bas de contention ont un effet pour traiter les varices, qu'elles soient ou non symptomatiques, ce dernier n'est tout simplement pas exceptionnel. Étant donné le peu de risques et d'effets secondaires indésirables, nous pouvons comprendre pourquoi ce traitement est toujours régulièrement recommandé par les médecins. En fait, il semble surtout y avoir des études ayant tenté d'observer l'effet des bas de contention comme traitement, mais la littérature traitant de ceux-ci comme moyen de prévention des varices est rarissime. C'est facilement explicable ! Évaluer un moyen de prévention demande habituellement un modèle d'étude où l'on observera une population sur plusieurs années. Étant donnée que le port de bas de contention n'est pas une pratique courante, c'est donc extrêmement difficile d'évaluer leur effet préventif. Est-ce que les bas de contention sont un moyen efficace pour prévenir l'apparition de varices ? Nous n'avons simplement pas ce savoir à l'heure actuelle. Comme leur effet n'est pas particulièrement clair pour guérir les varices, on peut supposer que l'amplitude de leur effet préventif est similaire. Parce qu'il s'agit d'une question difficile à étudier, comme toute intervention préventive, je ne crois pas que nous aurons une réponse claire de si tôt.
La thérapie par ultrason n'a pas sa place dans ma série « Noms trompeurs », car il s'agit réellement d'une énergie connue sous le nom d'ultrason. On l'utilise pour des raisons médicales depuis les années 1930s, à la fois comme outil de diagnostic et comme modalité thérapeutique. Au cours du siècle dernier, nous avons utilisé les ultrasons pour tenter de guérir une vaste gamme de conditions comme la maladie de Ménière, le Parkinson et le cancer. La fréquence et l'intensité des ultrasons ont progressivement été standardisées pour réduire les risques liés à leur utilisation. Modèle soutenant l'utilisation des ultrasons en réadaptation physiqueToute intervention thérapeutique, que ce soit la manipulation vertébrale par votre chiropraticien, la déformation des fasciae par votre ostéopathe ou l'application d'ultrasons par votre physiothérapeute, se justifie par un modèle cognitif, soit une façon de comprendre les différents mécanismes à l'oeuvre. La vaste majorité de ces modèles, appartenant au petit monde de la réadaptation physique, sont aujourd'hui reconnus soit comme désuets soit relevant de la pseudoscience. Depuis les années 1950s, il n'y a pas eu beaucoup d'innovation par rapport à l'utilisation des ultrasons en physiothérapie. Le thérapeute manipule un transducteur, attaché à une machine, qu'il applique directement sur la peau avec du gel en faisant des mouvements circulaires. L'objectif est simplement de réchauffer les muscles, les tendons et les ligaments pour augmenter la circulation sanguine et promouvoir la guérison des ces tissus. Les ultrasons sont aussi utilisés pour faciliter l'absorption de certaines substances par la peau et cette modalité est connue sous différentes appellations, iontophorès, phonophorès ou sonophorès. Le court vidéo suivant vous donne un bel exemple de technobabillage, utilisé par certains physiothérapeutes pour expliquer le modèle sur lequel est basé l'utilisation des ultrasons en réadaptation. Il s'agit d'un procédé rhétorique très efficace utilisé par la plupart des professionnels de la réadaptation (physio, masso, chiro, ostéo, etc.) pour vous convaincre de l'efficacité de leur intervention préféré. Est-ce que ça fonctionne ?On pourrait croire qu'une technique qui existe depuis près de 70 ans a probablement fait ses preuves, non ? En fait, c'est plutôt le contraire ! Les ultrasons sont presque devenus une modalité thérapeutique emblématique de la physiothérapie à ce point, tout comme les manipulation vertébrales (ajustement chiropratique) pour le chiropraticiens. C'est presqu'un renversement du fardeau de la preuve. Pour beaucoup de physiothérapeutes, nous n'avons plus à prouver l'efficacité des ultrasons dans un cadre thérapeutique. Ces derniers croient observer des résultats tangibles, suivant cette procédure, quotidiemment dans leur pratique. Ils attendent ainsi une preuve irréfutable de son innefficacité et aucune de celles qu'on leur présente ne semblent adéquates (moving the goalposts fallacy). Pour une approche thérapeutique aussi facile à tester en double aveugle, la littérature scientifique est étrangement pauvre, et ce, même aujourd'hui, et cette question aurait dû être réglée il y a déjà bien longtemps. On peut donc imaginer que la plupart des études sont construites dans le but de prouver l'efficacité des ultrasons en physiothérapie, plutôt que l'inverse. Il y a déjà 18 ans, en 1999, van de Windt et al. concluaient déjà que les données probantes, c'est-à-dire les données fournies par les différents essaies randomisés contrôlés, ne justifiaient pas l'utilisation des ultrasons dans un contexte clinique. Depuis, malgré le biais favorable évident de plusieurs auteurs, nous avons testé l'efficacité des ultrasons pour une large gamme de conditions musculo-squelettiques et les résultats sont loin d'être encourageants. Certains tentent de justifier leur utilisation par les faibles risques associés, même s'il ne semble pas y avoir d'effets spécifiques spectaculaires. Si vous devez choisir votre placebo, que préférez-vous ? la boîte magique à ultrasons ? Des aiguilles sous le derme ? Un peu de tape coloré ? Un massage ? Une modalité désuète, mais toujours très populaire en physiothérapieContrairement à son cousin ECSWT (extracorporeal shock wave therapy) qui semble encore offrir quelques aplications prometteuses, toujours à l'étude, il n'y a plus vraiment de raison d'utiliser les ultrasons dans un contexte de réadaptation physique. Malgré la disponibilité de cette information, et ce, depuis maintenant plusieurs années, vous aurez du mal à trouver une clinique de physiothérapie qui ne possède pas cette petite machine magique (1 et 2). Même en comparant cette modalité thérapeutique avec d'autres, dont les principaux effets sont également non-spécifiques, on peut difficilement en justifier l'utilisation. La thérapie manuelle a au moins l'avantage d'ajouter un contact humain à l'équation et les exercices donnent aux patients une façon de gérer eux-même leur douleur. Appliquer de la glace, de la chaleur ou des TENS permet minimalement au physiothérapeute d'accomplir d'autres tâches, mais les ultrasons n'ont même pas cet avantage. N'y-a-t'il pas un ordre professionel pour protéger le public d'un traitement innefficace ?Il y a plusieurs degrés de danger et L'OPPQ fait relativement un bon travail, selon mon humble opinion, surtout lorsqu'on le compare aux autres ordres professionnels de la réadaptation. L'utilisation des ultrasons dans ce contexte est assez sécuritaire, car leur utilisation est standardisé. Et gardons en tête que tous les membres du conseil d'administration, ainsi que le président, sont des physiothérapeutes élus. Ils partagent probablement la même culture et les même biais cognitifs par rapport à cette intervention. Ce qui nous amène nécessairement à l'argument suivant : est-ce éthiquement acceptable de prescrire une intervention qui n'est pas plus efficace qu'un placebo sans le mentionner à notre patient ? Or, si votre thérapeute est convaincu qu'il s'agit du meilleur traitement pour votre condition, ses connaissances ne sont pas à jour. Dans ce cas, l'ordre devrait avoir une façon d'évaluer les compétences de ses membres régulièrement, ce qui, il me semble, fait partie du mandat de protection du public. Si, par contre, le thérapeute connait la valeur de l'intervention qu'il vous propose, mais vous la présente comme plus efficace qu'elle l'est vraiment, il s'agit d'un problème éthique qui devrait aussi être géré par l'OPPQ. Comment vous sentirez-vous si votre médecin vous prescrirait des pilules de sucre en vous faisant croire qu'il s'agit d'un véritable médicament ? De plus, gardons toujours en tête l'effet nocebo. Si nous donnons à une intervention le pouvoir de guérir, nous lui donnons en même temps le pouvoir de détruire. On peut très bien imaginer qu'un patient pressentirait plus de douleur suite à cette intervention. Il pourrait croire, par exemple, que son physio aurait passé trop de temps à un certain endroit et ainsi endommagé une structure quelconque. Bien qu'il s'agisse de cas relativement rares, ils sont plus fréquents qu'on veut bien l'admettre, et ils sont rarement répertoriés. Comment utiliser cette information ?Comme je le répète souvent, trouver un professionnel de la réadaptation compétent n'est pas une tâche si facile. Si votre physiothérapeute vous suggère d'intégrer des ultrasons dans votre plan de traitement, vous pouvez assumer soit que ces connaissances ne sont pas à jour, soit qu'il vous ment, et vous devriez possiblement vous chercher un nouveau thérapeute. Me trouvez-vous trop sévère par rapport à cette modalité thérapeutique ? Croyez-vous que les ultrasons ont toujours leur place en physiothérapie ou, comme moi, qu'il s'agit d'un placebo théâtral nous faisant perdre un temps de traitement précieux ? Partagez-moi votre opinion ci-bas, car le sujet m'intéresse !
Croyez-vous en la magie, aux miracles ou au surnaturel ?Si oui, vous ne trouverez pas ce billet très intéressant. Mais si comme moi vous croyez que tout appartient au monde naturel et peut donc être étudié, vous vous posez probablement les questions suivantes lorsqu'un professionnel médical ou paramédical vous propose un traitement pour une condition de santé particulière :
Par exemple, si vous allez voir votre ostéopathe pour traiter un mal de dos qui vous embête depuis quelques semaines, il vous donnera probablement une explication complexe qui variera d'un professionnel à l'autre. On entend habituellement parler de :
On répond ainsi à la question « comment ça fonctionne », mais est-ce que ça fonctionne réellement ainsi. Dans le cas présent, la réponse est évidemment non ! Toutes ces champs et variations de la thérapie manuelle produisent principalement des effets non-spécifiques (placebo). Si nous nous sentons mieux après une intervention, nous accepterons généralement l'explication qui l'accompagne, et le pouvoir persuasif qui accompagne la guérison est très puissant. Le physiothérapeute : un idéal qui n'existe pas [encore]Je ne m'en cache pas, j'ai tendance à peindre le physiothérapeute comme le professionnel idéal de la réadaptation physique. D'abord, je crois que toutes ces différentes professions et leurs discours souvent contradictoires ajoutent une confusion inutile, et que le grand public est déjà assez confus comme ça. Aussi, j'essaie d'inspirer ces derniers à développer une meilleure pratique basée sur les faits et à mettre à jour leurs explications de façon à cesser de répandre des mythes sur la santé. Je suis peut-être un idéaliste, mais j'ai l'impression que les physiothérapeutes acceptent plus facilement les changements que les autres professionnels. Au final, ces derniers demeurent quand même statistiquement votre meilleur choix. Les mythes courants véhiculés en physiothérapieIl y en a plusieurs ! Le problème vient la plupart du temps de l'explication, plutôt que de l'intervention en tant que telle. Voici quelques exemples toujours très courants :
Comme tous les autres professionnels de la réadaptation, les physiothérapeutes aimeraient aussi que leurs interventions aient un effet mécanique, alors que la plupart d'entre elles ont avant tout un effet neurologique. Si parfois il ne s'agit pas d'un problème de connaissance, plusieurs d'entre eux ne savent simplement pas comment communiquer l'information juste à leur patient en conservant leur crédibilité. Une culture difficile à changerLa physiothérapie s'est d'abord développé au sein du modèle biomédical, aujourd'hui reconnu comme désuet. D'après les jeunes physiothérapeutes à qui j'ai posé la question, leur formation était largement obsolète, au moment où ils l'ont reçue, et beaucoup de temps était consacré à maîtriser des interventions comme les ultrasons que les recherches nous disent de ne plus utiliser en réadaptation depuis plus de 25 ans. Plusieurs de leurs outils de diagnostic sont imprécis et ont tendance à produire un haut taux de résultats faux-positifs. Autrement dit, votre physiothérapeute trouvera souvent des problèmes. alors qu'il n'y en a pas il aura assurément une option de traitement à vous proposer qui s'étalera sur plusieurs séances. Si l'information juste existe et est disponible gratuitement en ligne, pour qui sait chercher, seul le physiothérapeute soucieux mettra sa pratique à jour, sans recevoir de pression, ni de son ordre ni de l'organisation pour laquelle il travaille. En fait, les médecins, profession qui a tendance à mieux se policer que les autres, appliquent indirectement de la pression en ne prescrivant plus systématiquement la physiothérapie pour toutes les conditions musculo-squelettiques comme par le passé. Comme ils n'ont souvent pas d'autres choix et qu'il n'y a souvent pas de communication directe entre ces professions, on peut s'attendre à des changements lents et on peut difficilement prédire comment cette situation évoluera. Mot de la finAlors que je pensais écrire ce matin à propos de l'utilisation des ultrasons en physiothérapie, j'ai changé mon titre lorsque j'ai réalisé que mon introduction était devenu mon billet ! Quels sont les prescriptions ou diagnostics douteux que vous avez reçu dernièrement de votre physiothérapeute ? Je crois que Facebook connait mes goûts, car je peux en lire sur une base presque quotidienne. Pensez-vous comme moi que cette profession est, malgré ses faiblesses, notre meilleur choix en terme de réadaptation physique ? Laissez-moi un commentaire ci-dessous ! Je crois qu'il s'agit d'une conversation intéressante !
Un lecteur m'a récemment demandé mon opinion sur les talons hauts, après avoir lu ce billet de 2016 publié sur le site de l'Association chiropratique canadienne. Je vais particulièrement m'attarder aux arguments et aux preuves présentés par l'auteur anonyme de cet article et évaluer leur validité. Vérifier les sources offertes est généralement une bonne première étape lorsqu'on nous présente des affirmations douteuses. Dans ce cas-ci, elles ne sont pas très impressionnantes ! Nous retrouvons le même article du Daily Mail cité deux fois, un article du Globe and Mail et une publication datant de 2014 d'un site d'ergothérapie qui ne semble plus être disponible. J'ai fait une recherche avec le titre mentionné dans l'article, mais la seule autre mention semble être la version anglaise du même article. S'il s'agit d'un premier bon indicateur de la faible fiabilité des arguments, je crois que nous devons tout de même les présenter le plus fidèlement possible et éviter ainsi les hommes de paille. Aussi, l'argument peut être mal structuré et peu soutenu, mais la conclusion pourrait être plausible. J'aimerais, avant de commencer l'analyse des arguments, mentionner le sophisme de l'appel à la nature, qui n'est pas mentionné tel quel dans le billet. Nous sommes d'emblée portés à croire que les talons hauts sont néfastes pour la santé, car l'être humain n'est pas fait pour marcher ainsi. Or, je vous propose une position agnostique sur le sujet. Le port des talons est possiblement néfaste, possiblement bénéfique ou n'a possiblement aucune incidence sur notre santé musculo-squelettique. Y-a-t'il des recherches sérieuses sur le sujet ? C'est ce que nous verrons. Des chaussures de mauvaise taille sont néfastes pour la santé.L'auteur nous dit, sans cité de source, que 88% des femmes portent des chaussures de mauvaise taille, privilégiant le style et la disponibilité. Bien que probable, et ce, peu importe le sexe, je ne crois pas que cet argument sert de prémisse pour la suite de toute façon. La hauteur des talons est proportionnelle aux problèmes [musculosquelettiques] causés.On nous présente ensuite des pourcentages de pression supplémentaire à laquelle nos pieds sont exposés en relation avec la hauteur des talons. Outre le fait que ces chiffres viennent d'un infographique sans source citée, c'est tout à fait plausible. La littérature en ergonomie est riche et nous donne souvent une idée très précise des forces relatives appliquées sur nos différentes structures lorsqu'on adopte certaines positions. Par contre, au cours des 20 dernières années, les études montrant qu'il n'y a peu ou pas de relation entre les « mauvaises » postures (tête projetée vers l'avant, l'hyperlordose, etc.) et la douleur se sont multipliées. Dans certains cas, ces « mauvaises » postures seraient davantage un mécanisme de défense, plutôt que la cause de la douleur. « Est-ce que la pression supplémentaire appliquée sur nos pieds par le port des talons hauts cause de la douleur ? » Il est davantage probable que le corps puisse s'adapter progressivement à cette demande. Évidemment, en s'adaptant, il y aura des conséquences à long terme sur la structure et fonction du pied. Nous développerons un patron de marche adapté à cette chaussure, ce qui est vrai pour n'importe quelle chaussure avec ou sans talon, et nos structures, muscles, tissus conjonctifs et os, s'adapteront au fil des mois et des années. Il n'y a jusqu'à présent aucune raison de croire que ces changements sont néfastes. Porter des talons hauts trop longtemps et fréquemment, alors que nous n'en avions pas l'habitude, pourrait toutefois causer des blessures de surexposition, telles que la tendinopathie, la fasciose plantaire ou même de l'arthrose. Ce mécanisme n'a pas été démontré dans ce contexte particulier, mais il demeure plausible. Le port de talons hauts pendant plus de 3 heures par jour peut contribuer au raccourcissement du tendon d'Achille.Après avoir parcouru trois revues de la littérature scientifique (1, 2 et 3), je n'ai rien vu de tel. D'une part, l'auteur semble vouloir établir une relation dose-effet et il y a probablement une étude quelconque ayant tenté de démontrer le phénomène. Si cette relation dose-effet existe, et la preuve est loin d'être faite, nous ne pouvons assurément pas la quantifier pour le moment. S'il y a un raccourcissement du tendon d'Achille, il s'agit assurément d'un phénomène neurologique et non mécanique. Un phénomène semblable existe avec les gens peu actifs passant beaucoup de temps assis qui ne peuvent plus démontrer une extension complète des hanches ou qui ne peuvent plus toucher à leurs orteils. Ces amplitudes de mouvements, même si elles n'ont pas été explorées pendant plusieurs années, peuvent habituellement être retrouvées en quelques minutes ou en quelques pratiques quotidiennes réparties sur quelques semaines. En anglais, on appelle couramment ce phénomène « use it or lose it ». Nous n'avons, la plupart du temps, qu'à retracer le patron moteur oublié et notre système nerveux central rendra ces amplitudes de mouvement de nouveau disponibles. Les talons hauts sont un facteur de risque reconnu de l'entorse de la cheville, du développement de l'arthrose de cors et d'oignons.Oui, non, probablement et probablement. Il y a une association (association < corrélation ≠ causalité) entre le port des talons hauts et un risque relatif accru de blessures traumatiques comme l'entorse à la cheville. Lorsqu'on parle d'association, il est important de tenter de répertorier toutes les raisons qui pourraient expliquer cette relation. Par exemple, on pourrait penser que la plupart des gens qui portent des talons hauts, majoritairement des femmes, sont peut-être moins actives et sont cinétiquement plus démunies. Aussi, plusieurs femmes choisiront de porter leurs talons hauts lors d'événements festifs où elles seront éventuellement intoxiquées, ce qui augmentent assurément les risques d'incidents fâcheux. Finalement, il est tout de même plausible de penser que la hauteur et la largeur du talon peuvent accroître les risques d'incidents. Vous n'avez qu'à imaginer quelqu'un portant des talons aiguilles de 3 pouces et marchant sur les rues pavées du vieux Montréal pour appréhender une catastrophe. Bien qu'en théorie, on puisse toujours imaginer que le port des talons hauts peut faciliter les blessures de surexposition comme l'arthrose, cette relation n'a pas encore été clairement établie selon les dernières revues de la littérature. Il est plausible que porter des talons facilite le développement de cors au pieds qui sont causés par un frottement répété. Il est probable que d'autres chaussures de sport ou la pratique de certaines activités, accentuant ainsi un frottement sur une certaine partie du pied, ont le même effet. Le développement d'oignons aux pieds est possiblement l'affirmation la plus crédible de tout ce texte. Il semble y avoir une claire association entre ceux-ci et le port de talons hauts. Nous ne savons toujours pas s'il y a des prédispositions génétiques, si la hauteur du talon et si le type de chaussure sont importants, ou quelle est la dose minimale qui faciliterait ce phénomène. Aussi, notons que la condition appelée hallux valgus n'est pas nécessairement douloureuse et il ne s'agit peut-être que d'une adaptation protectrice du corps. Il n'y a pas, à ma connaissance, d'études menées avec des populations asymptomatiques comme nous l'avons vu pour les problèmes de dos et pour les problèmes d'épaules. Bref, il est tout à fait possible que la présente association ne soit due qu'à la façon dont les études ont été construites et aux biais cognitifs des chercheurs. Les talons hauts augmentent les risques de douleurs au genou.La prémisse de cette affirmation dit que « la répartition du poids vers l'avant brise l'alignement des hanches et de la colonne. » Tel que je l'ai mentionné précédemment, le patron moteur de marche, ainsi que la posture, changeront d'une chaussure à l'autre et seront drastiquement différents avec des talons hauts. Différent ne signifie pas mauvais ! Chaque posture est spécifique par nature à un mouvement et il n'y a aucune raison de croire que ces changements sont permanents ou qu'ils se transfèrent systématiquement dans tous les autres mouvements. Il ne semble pas y avoir d'association entre le port de talons hauts et de la douleur aux genoux de toute façon. La hauteur des talons devrait se limiter à 2 pouces.Pourquoi 2 pouces ? Ça me semble très arbitraire. La littérature scientifique ne soutient pas cette affirmation et si la hauteur des talons est un facteur de risque, nous ignorons si le problème s'accentue à partir d'une certaine hauteur et quels sont les autres facteurs et variables à considérer. Porter des des talons hauts plus de 2 fois par semaine provoque un déséquilibre musculaire néfaste qui accroît les risques de foulure de la cheville et autres blessures.Êtes-vous plus à risque d'avoir un accident d'automobile si vous conduisez 2 fois par semaine ou si vous conduisez à tous les jours ? Évidemment, plus vous conduisez, plus il y a de chances que vous soyez victime d'un accident. Je n'ai encore une fois aucune idée d'où vient cette dose de 2 fois par semaine, mais je doute qu'elle soit fondée. Le reste de l'argument est simplement farfelu. En 2017, nous n'avons jamais été moins sûrs de ce qu'est un équilibre ou un déséquilibre musculaire. En fait, tout ce paradigme semble être un énorme cul-de-sac. Prétendre ensuite qu'un dit déséquilibre musculaire facilite les risques de foulure de la cheville et d'autres blessures est ridicule. Cet argument ne repose sur absolument rien. Mot de la fin et considérationCe billet publié par l'Association chiropratique canadienne représente à merveille le phénomène de désinformation à cet ère de l'information instantanée. On essaie de vous faire peur afin de se donner de la crédibilité et possiblement vous vendre un traitement. Après avoir survoler partiellement la littérature, je ne suis toujours pas convaincu que de porter des talons hauts cause des problèmes musculo-squelettiques. D'une part, il ne s'agit pas d'un phénomène bien étudié et, d'autre part, on peut supposer qu'il existe d'emblée un biais défavorable entourant le port de cette chaussure. Évidemment, marcher en talons hauts demande plus de contrôle moteur que de marcher en souliers plats, et il n'est pas si surprenant que les risques de blessure soit relativement plus élevés. De la même façon, les risques de blessure sont plus importants si vous pratiquer le monocycle que le bicycle. Si nous pensons aux autres facteurs confondants, tels que le port de talons hauts lors de soirées bien arrosées ou que cette population est généralement moins active, l'association établie avec le risque accru de blessure est probable. Le développement de l'hallux valgus fait probablement partie du processus normal de vieillissement et il semble y avoir un facteur héréditaire. Le port de talons hauts accélèrent possiblement ce processus, mais il ne s'agit peut-être pas d'un problème dépassant l'ordre de l'esthétisme pour plusieurs personnes. Devriez-vous lancer vos talons hauts par la fenêtre ? Si vous aimez les porter, je ne crois pas ! Par contre, considérez les points généraux suivants si vous aimez porter ces chaussures :
Que pensez-vous de cet article ou de mon analyse de celui-ci ? Est-ce qu'une meilleure connaissance des faits influencerait votre décision de porter ou non des talons ? N'hésitez pas à me partager votre opinion ci-dessous !
Dans le domaine de la santé, la double ignorance, c'est à dire ne pas connaître quelque chose sans réaliser notre ignorance, peut faire très mal. Non seulement, le patient gaspille-t-il son argent durement gagné en soins inutiles, mais il n'obtient pas durant ce temps les soins dont il aurait besoin. Bien que nous soyons habitués que tout le monde ait une opinion dès qu'on parle de santé, de nutrition ou de réadaptation, on pourrait croire que les professionnels s'entendent au moins sur les grands principes. Détrompez-vous ! Depuis quelques années, grâce aux dernières recherches, nous comprenons que ce que nous appelions « tendinite », « épicondylite » et « fasciite » ne sont finalement pas des conditions inflammatoires des tissus conjonctifs. C'est pourquoi nous préférons désormais les termes « tendinose », « épicondylose » et « fasciose », par exemple. Vous pouvez lire mon guide complet en cliquant sur le lien suivant. Voici une conversation entre professionnels de la réadaptation à propos des traitements pour l'épicondylite latérale, aussi appelées « tennis elbow ». Je crois que nous y retrouvons presque tous les clichés : repos, massage, glace, support orthopédique, cataplasme d'argile, acupression sur les méridiens, acupuncture, ostéopathie et taping. Parce qu'il s'agit d'une véritable conversation dans un groupe Facebook, l'identité des participants a été protégée.
En écoutant ce podcast il y a quelques semaines, dans lequel Tim Ferriss interview Ryan Flaherty, ça m'a rappelé une idée que J'ai dans la tête depuis déjà plusieurs années. Cet entraîneur de calibre internationationnal, ayant travaillé avec plusieurs athlètes professionnels issus de différentes disciplines, n'utilise que quelques mouvements simples pour améliorer leurs performances et pour minimiser leurs risques de blessures. En fait, parce qu'il n'a rien à vendre, sa méthode est non seulement très simple, mais elle se simplifie avec le temps. Comme n'importe quel service ou produit, la réadaptation physique, la nutrition, l'exercice et l'entraînement sont sujets aux modes et aux tendances. Dans presque tous les cas, on complexifie inutilement ces domaines pour se donner de la crédibilité et pour attirer l'attention. Et je ne suis pas en train de dire qu'il n'existe pas de cas complexes, mais la plupart du temps, les meilleurs stratégies sont ridiculement simples. RéadaptationJ'ai déjà écrit une série de trois billets sur le sujet : Les meilleurs praticiens que je connaisse vont identifier les buts et les besoins de leurs patients et les exposeront à différents stimuli pour créer un changement souhaitable. Si, par exemple, un patient aimerait être capable de monter les escaliers sans douleur, le thérapeute utilisera les différents outils décrits dans mes billets et exposera son patient à des marches de plus en plus hautes. La majorité du temps, il n'y a rien d'autre à faire pour réussir ! Bien sûr, le thérapeute doué saura adapter son discours et ses interventions selon les situations et la personnalité de son patient. Il n'y a aucun besoin d'inventer des causes imaginaires à la douleur comme une mauvaise posture, une jambe plus courte que l'autres, une scoliose, une articulation déplacée ou tout autre explication désuète. Il n'y a pas d'approche ou de traitement miracle, et il n'y a pas vraiment d'exercices supérieurs aux autres pour calmer la douleur. Et c'est très difficile de trouver un bon praticien qui ne vous trouvera pas de ces problèmes qui n'en sont pas, soit par ignorance, soit par refus de moderniser son discours. Si vous souhaitez mettre les chances de votre côté, il y a généralement moins de pseudoscience et d'explications farfelues en physiothérapie, mais croyez moi, aucun titre ne mérite un gage de qualité ! NutritionJ'ai écrit ce billet il y a déjà deux ans et ma pensée n'a pas vraiment changé. Il existe plusieurs bons plans de nutrition pour contrôler votre poids et faciliter un bon fonctionnement de tous vos systèmes. En fait, malgré toutes les études fascinantes menée en nutrition, notre compréhension générale n'a pas drastiquement changé.
Le véritable défi pour celui ou celle désirant améliorer sa nutrition est rarement de gagner plus de connaissances. Sauf pour quelques exceptions, tout le monde s'entend sur les trois points énumérés ci-dessus et peut aisément identifier le junk food de la nourriture dite santé. Le défi est donc comportemental. Quels changements auront les impacts les plus intéressants et quelles sont les chances que nous puissions les maintenir dans le temps ? L'idée de base est de remplacer un comportement indésirable par un désirable et, croyez-moi, la partie n'est pas gagnée ! Changer un comportement est ridiculement difficile et la très grande majorité des gens retourneront rapidement à leurs vieilles habitudes. Tel que mentionner dans mon autre billet, voici quelques pistes de solutions qui, selon moi, brillent par leur simplicité.
Si vous n'y arrivez pas tout seul, demandez l'aide d'un nutritionniste. Le simple fait de payer quelqu'un et de devoir rendre des comptes augmentent vos chances de succès. Exercice physiqueIl y a beaucoup de confusion entre l'entraînement et l'exercice physique, et c'est en grande partie à cause de la terminologie. Bien que l'exercice physique soit peut-être ce qui est le plus près du remède miracle, notons qu'il n'est pas fortement lié à la perte de poids et que, si c'est votre but, vous devez changer votre nutrition. Si vous souhaitez simplement être en santé et profiter des effets préventifs de l'exercice physique, vous n'avez pas besoin de vous entraîner. Il ne semble pas y avoir d'exercices, de sports ou d'activités physiques ayant des effets supérieurs aux autres. 3 ou 4 sessions d'activité physique à intensité modérée semble être là où le retour sur votre investissement est le plus intéressant. En plus, vous pouvez tout simplement choisir ce qui est le plus intéressant pour vous ! Jogging, dance, yoga, Pilates, CrossFit, boxe, basketball, et bien que les risques varient, les bienfaits sont similaires. Si rien ne vous motive particulièrement, j'ai une préférence pour les activités positionnant le corps sur différents plans dans l'espace. Votre système nerveux central adore la variété de mouvement et profitera grandement de cette diversité. La dance, le yoga, la gymnastique, le Pilates ou les disciplines de cirque sont tous de bons exemples. EntraînementL'entraînement est un autre animal complètement. Il vise principalement 2 points :
La façon la plus simple pour y arriver est, d'une part, d'introduire un entraînement en force, aussi apellé entraînement en résistance, et d'autre part, de s'exposer à une variété de mouvements, en recherchant le meilleur ratio risques/bienfaits/temps. Ne vous inquiétez pas, c'est beaucoup plus simple que ça en a l'air ! Plutôt que de surfer sur les détails, puisque ce billet est déjà trop long, je vais expliquer les bases de l'entrâinement de performance dans une série de billets, comme je l'ai fait pour la réadaptation physique. Même si c'est en soi assez simple, je devrais trouver le moyen de m'étendre sur le sujet, comme je sais si bien le faire !
On associe souvent la réflexologie au massage des pieds et des mains et, sans être tout à fait faux, nous n'en savons souvent pas davantage sur les raisons associées à ce nom. En fait, les praticiens de la réflexologie croient que des points précis sur les pieds et sur les mains reflètent d'autres zones et organes du corps. Ils pourraient ainsi manipuler le Qi (énergie vitale) et avoir un impact positif (ou négatif) sur la santé. Bien que des pratiques similaires existent depuis l'antiquité, ce n'est que vers les années 1930-1940 que les premières cartes des points réflexes ont été proposées par une infirmière et physiothérapeute américaine Eunice D. Ingham. Depuis, plusieurs cartes existent, utilisant des concepts similaires, mais il n'existe toujours pas de standardisation de la pratique. La réflexologie est aujourd'hui reconnue comme une pseudoscience, c'est-à-dire que ses mécanismes reposent sur des principes pré-scientifiques et que leurs explications sont désuètes. En fait, après avoir étudié l'efficacité de la réflexologie pour différentes condition de santé, on juge aujourd'hui qu'elle n'est pas un traitement efficace, et ce, pour aucune d'entre elles. (cliquez ici et ici pour plus de détails) La réflexologie pourrait, sans grande surprise, aider à diminuer la fatigue, à promouvoir un sommeil plus récupérateur et à apaiser légèrement la douleur. Ces effets ressemblent étrangement à ceux de la massothérapie en générale. De plus, parce que les effets sont inconsistants, il est probable que ces derniers sont avant tout non-spécifiques, comme pour la thérapie manuelle en général. Mot de la finLe moins qu'on puisse dire, c'est que l'appellation « réflexologie » a bel et bien sa place au sein de ma série « noms trompeurs ». Il n'y a aucune raison de croire que des points sur les pieds ou les mains reflètent quoique ce soit d'autres dans le corps et que de les stimuler puisse avoir un quelconque effet spécifique. On pourrait ainsi parler d'un massage glorifié des pieds et des mains qui n'a rien de magique, mais qui peut être très agréable. Pour certaines personnes, n'appréciant pas nécessairement l'intimité d'un massage conventionnel, il pourrait s'agir d'une option intéressante, si vous avez le budget et l'intérêt bien sûr ! Quel est votre expérience avec la réflexologie ? Croyez-vous comme moi qu'on devrait actualiser le discours et les mécanismes de cette pratique si l'on souhaite l'intégrer dans un contexte clinique ? Quel nom serait plus appropriés ? Partagez-moi vos commentaire ci-dessous.
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AuteurFrédéric est un massothérapeute, spécialiste FMS et entraîneur en performance sportive. Archives
Novembre 2017
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